

Auteur : Veronica Roth
Genre : Dystopie, Romance
Nombre de pages : 436
Éditions : Nathan
Année : 2012
Prix : 16,50 ¤

Elle est divergente.
Ce secret peut la sauver... ou la tuer.

______Pour ce qui est de la couverture, je préfère la première édition : plus colorée, plus dynamique, elle incite plus à ouvrir le livre et se plonger dans l'histoire que la seconde, noire, avec une jeune fille et des écritures et un symbole bleus. Vous me direz que l'histoire reste la même, certes, mais le plaisir des yeux, lui, change...
______Enfin bref. Dans le monde de Tris, la société est divisée en 5 factions : les Altruistes (prônent le don de soi et dénoncent l'égoïsme), les Sincères (prônent la sincérité et dénoncent le mensonge), les Audacieux (prônent le courage et dénoncent la lâcheté), les Érudits (prônent la connaissance) et les Fraternels (prônent les liens d'amitié). Tris est née au sein d'une famille d'Altruiste mais, l'année de ses 16 ans, c'est à elle de choisir dans quelle faction elle veut désormais vivre. Un test d'aptitude permet d'aider les jeunes à se diriger vers l'une d'elle mais le sien n'est pas concluant : Tris est Divergente, c'est-à-dire qu'elle possède les aptitudes de plusieurs factions à la fois. Chose rarissime et interdite, elle est obligée de préserver son secret au risque de perdre la vie. Dans sa nouvelle faction, Tris se fait des amis... mais aussi des ennemis prêts à tout pour la forcer à quitter la compétition. Elle doit sans arrêt garder les deux yeux ouverts et apprendre à s'adapter à la situation si elle veut survivre.
______Tris, de son vrai nom, Béatrice, vient d'une famille d'Altruiste, mais à 16 ans, c'est elle qui doit choisir sa faction définitive. En effet, elle restera dans la faction qu'elle va rejoindre le restant de sa vie, ne pouvant plus jamais revenir sur son choix, au risque de devenir une sans-faction, c'est-à-dire une mendiante, une rejetée de la société. Étant donné qu'elle est Divergente, plusieurs possibilités de choix s'offrent à elle, et dans tous les cas, elle va devoir faire preuve de courage. Déterminée, battante, avec une grande force de caractère qui la rend presque dangereuse, Tris va devoir apprendre à vivre comme sa nouvelle faction l'exige, et Quatre est là pour l'y aider. Quatre est l'un de ses instructeurs, avec qui elle va nouer des liens particuliers. C'est un garçon étrange mais intéressant, dont le passé est trouble et les intentions très nobles. Contrairement à Éric, le second instructeur des novices de cette faction (je ne dirai pas laquelle au risque de spoiler le choix de Tris), Quatre a des valeurs et les respecte malgré les changements qui ont lieu dans la faction depuis quelques années. Éric, par contre, n'a rien d'un gentleman : instructeur brutal, méchant et sadique, il n'y a que par la violence et la peur qu'il estime pouvoir inculquer les nouvelles règles aux novices. Il m'est sorti par les yeux alors que Quatre avait toute mon attention et mon affection. Ce dernier peut être parfois sévère, mais il sait très bien se maîtriser et cacher ses secrets, ce qui lui vaut d'ailleurs d'être encore en vie.
______Dans sa nouvelle faction, Tris va se lier d'amitié avec certains novices (Will, Christina, Al, et Uriah notamment) et se faire des ennemis jurés (Peter et Molly) pour des raisons stupides et enfantines. Si j'ai beaucoup aimé Christina avec son parler franc, et Will avec son côté cultivé et protecteur, j'ai plusieurs fois eu envie de rentrer dans l'histoire, de prendre la tête de Peter et de la taper contre un mur. Ou contre celle de Molly, qui n'est pas en reste. J'ai eu un peu moins la rage contre elle car elle est moins dangereuse et vicieuse que Peter, elle a plutôt tendance à avoir la langue bien pendue – langue que j'aurais aimé lui couper à plusieurs reprises. Pour moi, ces deux-là n'ont rien à faire dans la même faction que Tris, ils auraient dû se retrouver sans-faction (ce qui est pire que la mort pour beaucoup car on se retrouve sans rien) afin de comprendre qu'ils ne sont pas les maîtres du jeu. Et ce, encore moins en dehors de leur territoire.
______Sinon, Al m'a profondément déçue : son acte est à la fois choquant et révoltant. D'accord, il était désespéré, mais tout de même, sa trahison a de quoi rester en travers de la gorge. Quant à la véritable identité de Quatre, je suis restée un moment sans voix : je ne m'y attendais pas à celle-là ! Mais au fond, quand on y pense, c'est presque logique... Et pourquoi ce surnom bizarre, me direz-vous ? Il y a bel et bien une raison à cela, mais ne comptez pas sur moi pour vous le dire : lisez plutôt !
______Globalement, on rentre facilement dans l'histoire, car le style d'écriture de Veronica Roth est simple est fluide. On s'imagine bien les lieux et les décors car c'est très bien décrit : c'est détaillé mais pas trop, suffisant pour se faire une idée de la chose décrite. J'ai beaucoup aimé les épreuves que doivent passer les novices, souvent difficiles et éprouvantes, ainsi que la romance, tandis que les trahisons m'ont blessée aussi. Mais c'est surtout la fin qui m'a fait mal au c½ur. En effet, les événements qui s'enchaînent très vite sont durs et les sentiments de Tris très bien décrits, tout comme les détails des faits, ce qui peut faire retourner un instant l'estomac. Personnellement, j'ai eu la gorge nouée à un moment, mal au c½ur à un autre, et peur encore à un autre instant. Je me suis sentie suffoquer parfois, me surprenant à retenir ma respiration alors que Tris ou ses alliés se trouvaient dans une situation délicate. J'ai souvent flippé pour les personnages, et rien que pour ça, je peux certifier que c'est une très bonne lecture.
______La force de ce livre aussi, c'est le message qu'il transmet et la société qu'il décrit : cette dernière est divisée pour justement éviter les conflits alors que ça n'a fait que les attiser. En effet, ce qui se trame sous les bons airs de la société, sous les articles des Érudits, sous la dureté des Audacieux, et sous la chasse aux sorcières... euh, pardon, aux Divergents n'est pas forcément évident dans l'immédiat, mais pourtant clair : c'est un coup d'état qui se prépare de façon lente et mesurée, une guerre silencieuse et meurtrière qui menace d'éclater. Le fameux proverbe : « Diviser pour mieux régner » est maître dans ce roman, que ce soit dans la société en général ou les liens qui se nouent dans chaque faction, chaque famille. Il faut avoir un meilleur résultat que l'autre, une meilleure performance afin de l'écraser et de le faire passer au rang derrière nous. J'ai retrouvé à travers ces faits quelque chose qui devient monnaie courante dans le monde d'aujourd'hui : on l'appelle individualisme particularisme en sociologie, mais c'est l'égoïsme et le chacun pour soi en termes familiers. Certains sont déjà capables de tuer pour obtenir ce qu'ils veulent, pour passer devant les autres et les écraser au passage. Et vous ?
______En bref, Divergente est un roman prenant, avec une héroïne déterminée et maligne, une intrigue à double fond et des trahisons et des manipulations en veux-tu en voilà. Ce roman pourrait se résumer en une seule phrase, un crédo : « Diviser pour mieux régner », et pourtant, il y a tellement plus dedans, de notions qui correspondent au monde actuel. C'est une histoire riche, qui pourra vous faire passer par toutes sortes d'émotions, telles la colère, la peur, l'attendrissement, le stress, le dégoût, l'horreur, la culpabilité.


Chroniques des partenaires : Lire une passion ; April the Seven ; L'Eden des Rêves ; Regina Falange.

« - L'une des phrases dont je me souviens dans le manifeste des Audacieux dit : « Nous croyons aux actes de courage ordinaire, au courage qui pousse une personne à prendre la défense d'une autre. »
Il soupire.
Il n'a pas besoin de poursuivre. Les Audacieux ont peut-être été créés avec de bonnes intentions, de bons idéaux, de bons objectifs. Mais ils les ont perdus de vue. Et je me rends compte qu'il en va de même pour les
Érudits. Autrefois, ils cultivaient la connaissance et l'intelligence pour les mettre au service du bien. Aujourd'hui, leur objectif est d'en tirer du pouvoir. Je me demande si les autres factions on le même problème. Je n'y ai jamais réfléchi. »
« Je secoue la tête. Brave ? La bravoure aurait été d'admettre sa faiblesse et de quitter les Audacieux, avec toute la honte que cela impliquait. C'est la fierté qui l'a tué, le poison qui ronge le c½ur de tous les Audacieux. Le mien comme celui des autres. »
« - Sans force de caractère ? ricane Tobias. La dernière fois que j'ai essayé de manipuler une simulation, j'aurais dit qu'il en fallait pas mal. Les gens sans force de caractère sont plutôt ceux qui s'abaissent à manipuler une armée parce qu'ils ne sont pas capables d'en former une eux-mêmes. »
« Si je refuse de me résigner, j'aurai l'air courageuse aux yeux de ceux qui observent la scène. Mais l'acte qui demande le plus de courage n'est pas de se battre ; c'est de regarder la mort en face. Je pleure contre la vitre. Je n'ai pas envie de mourir. Mais je ne veux pas mourir comme ça ; n'importe comment sauf comme ça. »
UnfortunatelyBieber, Posté le jeudi 06 octobre 2016 06:24
Un véritable coup de coeur pour cette saga dans sa globalité, j'en suis tombée éperdument amoureuse !