

Titre : Respire
Auteur : Anne-Sophie Brasme
Genre : Drame
Nombre de pages : 190
Éditions : Le Livre de Poche
Année : 2001
Prix : 5,10 ¤

Charlène est une enfant comme les autres, qui vit sans trop se poser de questions, prend ce qu'on lui donne et ne demande rien. Elle habite un immense appartement à Paris avec ses parents, pas très aimants ni très amoureux.
Charlène souffre : elle est asthmatique, se sent incomprise, mal aimée. Avec l'entrée au collège commencent de longs mois difficiles, de solitude et d'attente. Jusqu'à l'arrivée de Sarah, brillante, magnétique. Une amitié naît, qui pour Charlène est un don inespéré de la vie, un émerveillement. Avant les petites déceptions, les souffrances, la passion puis le désespoir.
Un roman d'une vérité hallucinante écrit par une jeune fille de 17 ans.
Charlène souffre : elle est asthmatique, se sent incomprise, mal aimée. Avec l'entrée au collège commencent de longs mois difficiles, de solitude et d'attente. Jusqu'à l'arrivée de Sarah, brillante, magnétique. Une amitié naît, qui pour Charlène est un don inespéré de la vie, un émerveillement. Avant les petites déceptions, les souffrances, la passion puis le désespoir.
Un roman d'une vérité hallucinante écrit par une jeune fille de 17 ans.

C'est après avoir vu la bande-annonce du film tiré de ce livre (réalisé par Mélanie Laurent) que j'ai eu envie de me mettre à la lecture. Par hasard, je l'ai trouvé en poche à mon magasin, et le prix était tellement attractif que je n'ai pas hésité longtemps. Je devais le conserver pour plus tard, mais j'ai eu l'erreur de commencer ce livre... et quand on fait ça, il est impossible de le lâcher. S'en suit 190 pages intenses qui se dévorent à une vitesse hallucinante. C'est un véritable coup de c½ur pour moi.
Le début du roman est assez particulier, on sait d'entrée que la fin est tragique. Charlène écrit depuis la prison où elle est enfermée pour meurtre, et raconte l'histoire de sa vie, et comment elle en est arrivée là.
On va donc remonter jusqu'à son tout premier souvenir, et ensuite suivre pas à pas sa vie, sa famille, et ses diverses rencontres. Charlène est une fille assez solitaire, mais elle va faire d'importantes rencontre, deux notamment : Vanessa et Sarah. L'une comme l'autre vont être de précieuses amies pour Charlène, mais tout va basculer avec Sarah. Et petit à petit, par ce que Charlène détaille, on comprend que la tragédie est comme inévitable, fatale.
Ce que je souhaite saluer en premier lieu, c'est la qualité d'écriture de l'auteur. Quand j'ai appris son âge, sincèrement, j'en suis tombée sur les fesses. Je ne dis pas qu'une personne de dix-sept ans ne peut pas savoir écrire, loin de là (preuve en est de la saga de Christopher Paolini, qu'il a commencé lorsqu'il avait quatorze ans), mais la maturité que l'on sent au travers de ces lignes m'a époustouflée. Le registre de langue n'est pas ultra soutenu, et cela se lit facilement, mais la psychologie des personnages est extrêmement bien travaillée, et c'est ce qui m'a le plus étonnée. En lisant ce livre, on oublie qu'on est simple spectateur de la vie de Charlène, on rentre en elle et on fait partie de son quotidien, de ses pensées, même les plus sombres. On est comme à l'intérieur de son cerveau, à écouter et voir les choses dont elle est témoin, tout en ayant conscience de ce qu'elle pense et ressent. C'est souvent bouleversant car on aimerait pouvoir l'aider, tout en n'ayant aucune idée de la façon de s'y prendre. Chaque événement de sa vie semble la préparer à l'inévitable, sa folie prend le dessus sur sa personnalité, et le fait qu'elle garde en elle tout ce qu'elle ressent nous fait rapidement comprendre qu'un jour, tout va exploser. C'est l'effet cocotte-minute. Mais c'est tellement bien amené, on est tellement plongés dans les pensées intimes de Charlène, qu'on est moins choqué de son acte. C'est un acte terrible, ultime, et qui, même s'il la sauve en quelque sorte, détruit également sa vie. Mais les rouages qui l'amènent à se conduire ainsi sont parfaitement clairs et cela nous amène à être presque soulagés à la fin. Soulagés parce que depuis la moitié du livre on sait que cela va arriver, et on l'attend tout en le redoutant. C'est l'une des grandes forces de ce roman, et franchement je tire mon chapeau à Anne-Sophie Brasme, et cela me donne envie de lire d'autres de ses ½uvres.
L'autre grand point fort de ce livre, ce sont les personnages. Au final, ils ne sont pas tellement nombreux, car la famille de Charlène n'est pas très étendue, et qu'elle ne se lie que rarement d'amitié. Dans ses proches autres que sa famille, on ne peut en effet que noter Vanessa, Sarah et Maxime.
Un petit mot sur sa famille. Elle semble à tout point de vue banale de l'extérieur, mais grâce au point de vue de Charlène on perçoit un malaise constant entre chacun de ses membres. Peu à peu, afin de se créer une carapace et se protéger, Charlène s'isole de sa famille et cela brise presque définitivement leurs liens. On a l'impression qu'elle ne ressent plus grand-chose, qu'elle est comme anesthésiée, mais on comprend que c'est également une façon pour elle de se protéger, face aux mensonges de ses parents, face à la tristesse inévitable qui les lie. Je n'ai pas réellement remarqué l'un des membres plus particulièrement, mais on ressent un manque de soutien. Du fait qu'on soit du point de vue de Charlène, on ne sait pas si ce manque de soutien est effectif, ou si c'est simplement le ressenti de Charlène. En tout cas, je n'ai pas forcément apprécié sa famille, et le manque d'affection qu'elle ressent nous amène à comprendre pourquoi elle se lie si intensément avec ses rares amies.
Vient ensuite Vanessa. Je l'ai beaucoup aimé, car elle a été un doux rayon de soleil dans la vie de Charlène. Ensemble, elles se comprennent et ont quelqu'un sur qui compter. C'est la première rupture qui fait ressortir la « folie » de Charlène. Je mets ce terme entre guillemets car je ne sais pas exactement comment caractériser ce qui se trame en elle, et que d'ailleurs je ne sais pas si on peut le catégoriser. En tout cas, cette abandon montre à quel point Charlène est dépendante, dépendante d'une figure particulière qu'elle se crée et qu'elle met en Vanessa, tout d'abord, et qu'elle reportera en Sarah. Pour des raisons évidentes et parce que malgré son caractère particulier je me suis attachée à Charlène, j'aurais aimé que leur amitié puisse être possible à long terme. Mais une fois encore, on ressent cette séparation comme un mauvais présage pour le futur de Charlène.
Et puis Sarah. Pour ne pas spoiler la partie la plus intense et complexe du récit, je ne peux pas trop parler de ce qui lie les deux jeunes femmes. Mais cela devient quasi obsessionnel chez Charlène, comme si sans Sarah, sa vie n'avait plus d'importance. C'est ce que Sarah lui fait ressentir au début de leur relation, ce qu'elle avait vécu en moins nocif avec Vanessa, qui entraine ce sentiment. Je pourrais analyser son caractère pendant des pages et des pages, mais l'intérêt n'est pas là. Simplement, si j'ai ressenti une haine forte pour Sarah, j'ai aussi ressenti beaucoup de pitié pour cette jeune femme. Par spécialement pour ce qui lui arrive à la fin, car même si cela nous touche nous le voyons en spectateur, mais parce que son comportement montre clairement qu'elle n'est pas si bien dans sa peau. Les confessions qu'elle fait à Charlène vont également dans ce sens.
En ce qui concerne Maxime, à vous de le découvrir. C'est juste un personnage que j'estime beaucoup même si au final on ne le voit pas tant que ça.
Enfin, Charlène. À travers les autres j'ai déjà pas mal parlé d'elle, mais je dois dire que c'est un personnage très complexe, qu'en réalité tout adolescent pourrait devenir. Les événements basculent dans la folie pour elle pour des raisons diverses, mais chacun de nous, à cette période si difficile, pourrait sombrer ainsi. Et c'est aussi ce qui dérange, dans ce roman. Car en premier lieu on pourrait s'écrier : « Mais quelle horreur, tuer quelqu'un, quel acte impardonnable, surtout que c'était son amie, etc. »... mais en réalité, la personnalité de Charlène étant tellement bien dépeinte, on en arrive à comprendre son geste, presque à la tolérer. Je ne fais pas l'apologie du crime, loin de là, je reste persuadée qu'elle avait d'autres solutions, etc. mais on comprend que pour elle, c'est la seule issue possible. Je crois qu'elle le comprend assez rapidement, et nous aussi, en fait. Et c'est cette compréhension qui est un tour de force de l'auteur. Franchement, je me répète, mais j'en reste bluffée.
En bref (car la chronique commence à s'éterniser), c'est un roman très poignant, très sincère et sans fioriture que nous propose Anne-Sophie Brasme. Elle n'enjolive pas la réalité pour nous épargner, et ne va pas non plus aggraver la situation pour justifier certains actes. Elle montre juste la fragilité qu'on a tous à l'adolescence, et ce que des événements peuvent amener, cette sorte de fatalité qui peut se présenter dans la vie de tout un chacun.
Le début du roman est assez particulier, on sait d'entrée que la fin est tragique. Charlène écrit depuis la prison où elle est enfermée pour meurtre, et raconte l'histoire de sa vie, et comment elle en est arrivée là.
On va donc remonter jusqu'à son tout premier souvenir, et ensuite suivre pas à pas sa vie, sa famille, et ses diverses rencontres. Charlène est une fille assez solitaire, mais elle va faire d'importantes rencontre, deux notamment : Vanessa et Sarah. L'une comme l'autre vont être de précieuses amies pour Charlène, mais tout va basculer avec Sarah. Et petit à petit, par ce que Charlène détaille, on comprend que la tragédie est comme inévitable, fatale.
Ce que je souhaite saluer en premier lieu, c'est la qualité d'écriture de l'auteur. Quand j'ai appris son âge, sincèrement, j'en suis tombée sur les fesses. Je ne dis pas qu'une personne de dix-sept ans ne peut pas savoir écrire, loin de là (preuve en est de la saga de Christopher Paolini, qu'il a commencé lorsqu'il avait quatorze ans), mais la maturité que l'on sent au travers de ces lignes m'a époustouflée. Le registre de langue n'est pas ultra soutenu, et cela se lit facilement, mais la psychologie des personnages est extrêmement bien travaillée, et c'est ce qui m'a le plus étonnée. En lisant ce livre, on oublie qu'on est simple spectateur de la vie de Charlène, on rentre en elle et on fait partie de son quotidien, de ses pensées, même les plus sombres. On est comme à l'intérieur de son cerveau, à écouter et voir les choses dont elle est témoin, tout en ayant conscience de ce qu'elle pense et ressent. C'est souvent bouleversant car on aimerait pouvoir l'aider, tout en n'ayant aucune idée de la façon de s'y prendre. Chaque événement de sa vie semble la préparer à l'inévitable, sa folie prend le dessus sur sa personnalité, et le fait qu'elle garde en elle tout ce qu'elle ressent nous fait rapidement comprendre qu'un jour, tout va exploser. C'est l'effet cocotte-minute. Mais c'est tellement bien amené, on est tellement plongés dans les pensées intimes de Charlène, qu'on est moins choqué de son acte. C'est un acte terrible, ultime, et qui, même s'il la sauve en quelque sorte, détruit également sa vie. Mais les rouages qui l'amènent à se conduire ainsi sont parfaitement clairs et cela nous amène à être presque soulagés à la fin. Soulagés parce que depuis la moitié du livre on sait que cela va arriver, et on l'attend tout en le redoutant. C'est l'une des grandes forces de ce roman, et franchement je tire mon chapeau à Anne-Sophie Brasme, et cela me donne envie de lire d'autres de ses ½uvres.
L'autre grand point fort de ce livre, ce sont les personnages. Au final, ils ne sont pas tellement nombreux, car la famille de Charlène n'est pas très étendue, et qu'elle ne se lie que rarement d'amitié. Dans ses proches autres que sa famille, on ne peut en effet que noter Vanessa, Sarah et Maxime.
Un petit mot sur sa famille. Elle semble à tout point de vue banale de l'extérieur, mais grâce au point de vue de Charlène on perçoit un malaise constant entre chacun de ses membres. Peu à peu, afin de se créer une carapace et se protéger, Charlène s'isole de sa famille et cela brise presque définitivement leurs liens. On a l'impression qu'elle ne ressent plus grand-chose, qu'elle est comme anesthésiée, mais on comprend que c'est également une façon pour elle de se protéger, face aux mensonges de ses parents, face à la tristesse inévitable qui les lie. Je n'ai pas réellement remarqué l'un des membres plus particulièrement, mais on ressent un manque de soutien. Du fait qu'on soit du point de vue de Charlène, on ne sait pas si ce manque de soutien est effectif, ou si c'est simplement le ressenti de Charlène. En tout cas, je n'ai pas forcément apprécié sa famille, et le manque d'affection qu'elle ressent nous amène à comprendre pourquoi elle se lie si intensément avec ses rares amies.
Vient ensuite Vanessa. Je l'ai beaucoup aimé, car elle a été un doux rayon de soleil dans la vie de Charlène. Ensemble, elles se comprennent et ont quelqu'un sur qui compter. C'est la première rupture qui fait ressortir la « folie » de Charlène. Je mets ce terme entre guillemets car je ne sais pas exactement comment caractériser ce qui se trame en elle, et que d'ailleurs je ne sais pas si on peut le catégoriser. En tout cas, cette abandon montre à quel point Charlène est dépendante, dépendante d'une figure particulière qu'elle se crée et qu'elle met en Vanessa, tout d'abord, et qu'elle reportera en Sarah. Pour des raisons évidentes et parce que malgré son caractère particulier je me suis attachée à Charlène, j'aurais aimé que leur amitié puisse être possible à long terme. Mais une fois encore, on ressent cette séparation comme un mauvais présage pour le futur de Charlène.
Et puis Sarah. Pour ne pas spoiler la partie la plus intense et complexe du récit, je ne peux pas trop parler de ce qui lie les deux jeunes femmes. Mais cela devient quasi obsessionnel chez Charlène, comme si sans Sarah, sa vie n'avait plus d'importance. C'est ce que Sarah lui fait ressentir au début de leur relation, ce qu'elle avait vécu en moins nocif avec Vanessa, qui entraine ce sentiment. Je pourrais analyser son caractère pendant des pages et des pages, mais l'intérêt n'est pas là. Simplement, si j'ai ressenti une haine forte pour Sarah, j'ai aussi ressenti beaucoup de pitié pour cette jeune femme. Par spécialement pour ce qui lui arrive à la fin, car même si cela nous touche nous le voyons en spectateur, mais parce que son comportement montre clairement qu'elle n'est pas si bien dans sa peau. Les confessions qu'elle fait à Charlène vont également dans ce sens.
En ce qui concerne Maxime, à vous de le découvrir. C'est juste un personnage que j'estime beaucoup même si au final on ne le voit pas tant que ça.
Enfin, Charlène. À travers les autres j'ai déjà pas mal parlé d'elle, mais je dois dire que c'est un personnage très complexe, qu'en réalité tout adolescent pourrait devenir. Les événements basculent dans la folie pour elle pour des raisons diverses, mais chacun de nous, à cette période si difficile, pourrait sombrer ainsi. Et c'est aussi ce qui dérange, dans ce roman. Car en premier lieu on pourrait s'écrier : « Mais quelle horreur, tuer quelqu'un, quel acte impardonnable, surtout que c'était son amie, etc. »... mais en réalité, la personnalité de Charlène étant tellement bien dépeinte, on en arrive à comprendre son geste, presque à la tolérer. Je ne fais pas l'apologie du crime, loin de là, je reste persuadée qu'elle avait d'autres solutions, etc. mais on comprend que pour elle, c'est la seule issue possible. Je crois qu'elle le comprend assez rapidement, et nous aussi, en fait. Et c'est cette compréhension qui est un tour de force de l'auteur. Franchement, je me répète, mais j'en reste bluffée.
En bref (car la chronique commence à s'éterniser), c'est un roman très poignant, très sincère et sans fioriture que nous propose Anne-Sophie Brasme. Elle n'enjolive pas la réalité pour nous épargner, et ne va pas non plus aggraver la situation pour justifier certains actes. Elle montre juste la fragilité qu'on a tous à l'adolescence, et ce que des événements peuvent amener, cette sorte de fatalité qui peut se présenter dans la vie de tout un chacun.
